Présentation de “Corpus Christi”, la prochaine exposition de Léo Labbé Rubin au Six Elzévir
- Camille Bourg
- 2 sept. 2024
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De tous temps, il y a eu des visionnaires. Des êtres doués d’une sensibilité particulière, qui ont transmis ce qu’ils voyaient ou entendaient aux autres, pour qu’ils le voient et l’entendent à leur tour. C’était le cas il y a 36 000 ans, parmi les groupes d’hommes et de femmes des premières grottes peintes, où de grandes fresques éclairaient les mystères de la nature et de la vie humaine. C’était le cas il y a 600 ans, dans un couvent de Russie où un moine inscrivit, sur un petit panneau de bois, la Trinité telle qu’elle lui apparut après une vie de prière. C’est le cas aujourd’hui, dans l’intimité de l’appartement où Léo Labbé Rubin dessine, à sa table, les images qu’il reçoit dans le recueillement.
Tout commence en 2016, lorsque Léo Labbé Rubin, âgé de 26 ans, fait la rencontre de Jésus-Christ, mort et ressuscité. L’événement engage toute sa vie. Il se convertit alors et, depuis ce jour, il emploie le dessin à témoigner de Celui qu’il a vu. De Celui qu’il a vu, et de tout ce qu’il voit encore, car ce dévoilement se poursuit dans l’espace et le temps. Ce sont près de 3000 dessins que l’artiste a exposés depuis la rencontre initiale. 3000 dessins présentés au cours de 15 expositions.
C’est afin de témoigner du chemin parcouru jusqu’ici, que Léo m’a proposé de concevoir cette rétrospective. En me plongeant dans ces dessins, un corpus d’une trentaine d’œuvres s’est finalement dégagé. Autant de temps forts parmi les différents thèmes, modulations et reprises que j’ai pu identifier dans son travail.
Le parcours suit un ordre chronologique. Il s’ouvre avec l’un des premiers dessins réalisés à la suite de la conversion de l’artiste, et s’achève avec le dernier dessin de la dernière exposition. Au commencement, nous rencontrons les deux seuls visages nécessaires à l’Incarnation, ceux de Jésus et de la Vierge Marie. Progressivement, des anges apparaissent, la figure de Léo, ainsi que différents symboles chrétiens qui déploient et précisent l’ensemble. Les matériaux demeurent les mêmes : pastel, crayon, stylo, correcteur, simples feuilles de papier.
Avec ces éléments, une dynamique s’installe, musicale, qui fait se rejoindre comme dans une fugue, l’ascèse et la liberté, la contrainte et la joie. Si chaque dessin est unique, tous sont les messagers d’une même Présence. Chacun d’eux est l’actualisation d’un même Sujet, et l’attestation d’un acte de foi personnel en son Mystère. Tous nous interrogent, chacun à sa manière. Tel ce trait qui court de l’œil à la bouche, ondulant comme un point d’interrogation : « Pour vous, qui suis-je ? » (Matthieu 16, 15).
Camille Bourg
Léo Labbé Rubin

